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  • Par Daphnée Hacker-B. Avec l'IEDM

Allons-nous manquer de pétrole?


Article par Daphnée Hacker-B. Avec l'IEDM

Le Dakota du Nord vit ces dernières années un boum pétrolier attribuable, notamment, à la mise aupoint de nouvelles techniques de forage. Alors que des séances de consultation publique sur les enjeux énergétiques du Québec avaient lieu cette semaine à Montréal, Métro, en collaboration avec l’Institut économique de Montréal (IEDM), a proposéune série sur l’énergie. Cinq capsules factuelles, portant chacune sur un thème particulier, commentées par deux experts afin de lancer un débat susceptible de se poursuivre sur l’internet.

Voici le dernier sujet.

Le pétrole et le gaz naturel sont issus de la fossilisation de matières organiques dans le sous-sol terrestre. Comme il s’agit d’un processus exigeant plusieurs millions d’années, ces ressources sont considérées comme étant non renouvelables à une échelle de temps humaine. Alors, combien d’annéesnous reste-t-il avant qu’elles soient épuisées?

Les réserves actuellement prouvées constituent une évaluation conservatrice de la quantité d’énergiedisponible. Comme la recherche de nouveaux gisements se poursuit et que de nouvelles technologiesfont leur apparition, ces réserves sont régulièrement révisées.

En 2011, elles totalisaient 1 652,6 milliards de barils de pétrole et 208,4 billions de m3 de gaz naturel, enhausse de 141,8 % et de 157,4 % respectivement par rapport aux estimations de 1980.

Le ratio «réserves/production» (R/P) indique le nombre d’années que les réserves actuelles dureront si la quantité de pétrole ou de gaz extraite se maintient au même niveau. Ainsi, en 2011, le ratio R/P était de 54,2 ans pour le pétrole et de 63,6 ans pour le gaz naturel. En 1980, il était de 29,7 ans et de 56,4 ans respectivement.

La hausse du ratio R/P pour le pétrole est le résultat d’une augmentation annuelle moyenne de 2,9 % des réserves prouvées et de 0,9 % de l’extraction. Quant au ratio R/P pour le gaz naturel, il s’explique par la combinaison d’une croissance annuelle moyenne de 3,1 % des réserves et de 2,7 % de la production.

Depuis 30 ans, les réserves prouvées ont donc augmenté plus vite que la quantité de pétrole pompée, ce qui permet de repousser le moment où cette ressource sera épuisée. (Texte de l’IEDM)

Source : BP Statistical Review of World Energy 2012

Avis d’experts

Patrick Bonin: «Il faut abandonner le pétrole»

Patrick Bonin est responsable de la campagne climat-énergie pour Greenpeace Canada

Comment devrions-nous gérer nos réserves de pétrole?

Ce qui est certain, c’est qu’on ne doit pas attendre que toutes les réserves soient épuisées. À l’échelle planétaire, les réserves d’hydrocarbures sont plus importantes que ce que la planète est capable d’absorber comme émissions de gaz à effet de serre (GES). Nous avons l’obligation environnementale de ne pas consommer tout ce pétrole. Même l’Agence internationale de l’énergie rappelle que, si on veut éviter des changements climatiques catastrophiques, il faut garder les deux tiers des combustibles fossiles qui sont dans le sol.

Faut-il abandonner le pétrole?

Oui, et le plus rapidement possible. Pour entamer la transition, il faut surtout s’appliquer à réduire notre consommation dans les transports. Au Québec, 77 % de notre utilisation de pétrole sert pour les déplacements motorisés. Étant la province qui produit le plus d’hydroélectricité, il est très réaliste d’électrifier l’ensemble des transports en commun et individuels dans un futur proche. Cela doit commencer par un système de financement qui donne des vrais bonus à l’achat de voitures électriques. D’autres secteurs doivent aussi cesser d’utiliser le pétrole, comme les industries cosmétiques et textiles. C’est faisable puisque des produits alternatifs existent déjà.

Qui va financer les coûts liés à la transition vers d’autres énergies?

Toute la communauté. Premièrement, il faut forcer les compagnies pétrolières à payer pour leur production de GES, et il faut les taxer davantage. Deuxièmement, le gouvernement peut revoir ses priorités financières. Au Canada, 1,3 G$ de subventions annuelles est accordé aux pétrolières et auxgazières. Cet argent doit être investi dans la transition. Ensuite, il faut augmenter la redevan-ce sur les hydrocarbures, qui alimente le fonds vert pour lutter contre les changements climatiques. Elle est actuellement de 0,8 ¢ le litre, soit 4 $ la tonne. En l’augmentant de façon substantielle, ceux qui ont desvéhicules énergivores payeront beaucoup plus que les autres, et cela incitera à un réel changement d’attitude.

Jean-François Minardi: «Nous en avons encore besoin»

Jean-François Minardi est analyste en politiques publiques pour l’IEDM

Comment devrions-nous gérer nos réserves de pétrole?

Nous observons que nous ne manquerons pas de pétrole de sitôt. Cela est notamment dû aux nouvelles technologies, comme la fracturation hydraulique ou fracking, qui permet d’aller chercher le combustible fossile enfoui dans des gisements d’accès difficile. Étant donné que les réserves de pétrole sont appelées à augmenter, il est logique de continuer à utiliser cette ressource.

Ne faudrait-il pas abandonner le pétrole?

Éventuellement, oui. Mais je pense que, tant que le pétrole nous est utile, il faut continuer à explorer et à exploiter les lieux qui détiennent cette ressource. Le pétrole est présent dans toutes les sphères de notre vie, dans la confection de nos vêtements, des emballages, dans le carburant… Ce n’est pas simple de faire une croix sur le pétrole. Ce sera une transition lente vers d’autres sources d’énergie. J’estime qu’on a besoin du pétrole au moins pour les 50 prochaines années.

Comment pensez-vous que la transition devrait se dérouler?

Pour qu’une transition fonctionne, il faut trouver des solutions de rechange qui offrent des prix aussi compétitifs que le pétrole. Pour l’instant, toutes les sources d’énergie dites «alternatives» coûtent plus cher. Par exemple, en Allemagne, le gouvernement a implanté une série de mesures pour abandonner le pétrole; c’est très coûteux pour les contribuables, il y a un mécontentement général. Les citoyens critiquent facilement le pétrole, car il produit des gaz à effet de serre, mais quand il est temps de payer pour une énergie propre, il y a des levées de boucliers. Lorsqu’on demande aux citoyens de payer le triple du prix pour une voiture électrique, peu de candidats sont motivés. C’est pour toutes ces raisons que je pense que la transition du pétrole vers d’autres énergies se fera très lentement. En attendant, on observe une montée en popularité du gaz naturel, une énergie plus propre qui est plus abordable grâce à l’extraction des gaz de schiste aux États-Unis.

Propos recueillis par Daphnée Hacker-B.


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